Aujourd’hui ce sera un article très personnel, peut être pour ma propre thérapie finalement. Je ne sais pas si je vais le publier en définitive. S’il se retrouve sur le blog, c’est que ce sera chose faite.

Aujourd’hui, je vais vous parler dépression mais surtout attaques de panique, crises d’angoisse, anxiété généralisée… etc.

La France est un pays très paradoxal, nous sommes les premiers consommateurs d’anxiolytiques mais il est très difficile d’aborder le sujet de l’angoisse et de la dépression sans avoir droit aux sous entendus qu’il ne s’agit pas d’une véritable maladie, que tout est question de volonté, que c’est une maladie de riche, et j’en passe.

Je souffre de troubles anxieux depuis que je suis toute petite. Mes premiers souvenirs remontent au CM1 – CM2. Je restais dans ma chambre, en cachette, le soir, ou la journée, et je pleurais sous la couette. Sans véritables raisons, ou en tous cas pas que je n’arrive à identifier. Je ne l’ai jamais dit à mes parents, j’avais honte, et à dire vrai, j’ai toujours honte, c’est sûrement pour ça que j’écris cet article aujourd’hui. Pour casser ce sentiment, en tous cas, essayer.

Souvent, l’imaginaire collectif comprend mal ce qu’est la dépression, ce qu’est le trouble dépressif ou l’attaque de panique. Vous n’êtes pas complètement anesthésié quand vous êtes en épisode dépressif, vous pouvez même mener une vie tout à fait « normale » aux yeux des autres, c’est à l’intérieur que ça se passe. Vous êtes triste, sans raison « valable », objective, empirique.

On s’imagine souvent que les personnes sont « faibles », ont peu de volonté. C’est faux.

Les crises d’angoisse touchent des gens « hypersensibles », c’est à dire des gens ouverts à leur environnement, investis dans leur travail leur famille. Elles touchent souvent des personnes qui assument de fortes responsabilités, les « piliers » de la famille, de l’entreprise, d’un noyau quelconque.

Une crise d’angoisse, pour ceux qui n’en connaissent pas, c’est très violent. Pour vous donner une idée, j’ai perdu 3,5 kilos en une crise ce dimanche.

On perd le contrôle, nous qui contrôlons tout, chaque heure, chaque minute, notre corps, d’un seul coup, nous barre la route. Il nous plonge dans un abîme de violences et d’angoisses. Vous pousse à hurler, à crier, à vous vider. Cela peut durer quelques minutes mais parfois quelques heures ou plusieurs jours.

On en ressort vidé.

Vidé physiquement, plus de forces, les jambes nous soutiennent à peine, on est épuisé. On ne veut plus manger, l’appétit s’en est allé.

On est triste, on se sent coupable parce que la crise a réussi à parvenir jusqu’à nous, on a peur. Peur d’une nouvelle crise. Le fameux cercle vicieux, la crise qui en appelle une autre.

Tout est prétexte à inquiétude.

On cherche, on se triture l’esprit : pourquoi ? Qu’est ce qui a déclenché cette crise ?

Puis vient l’épisode dépressif, les pleurs, l’incompréhension. Marre d’être « différente ». Juste envie d’ « être normale ». C’est un mot qui revient tellement souvent : normal.

Avoir des réactions normales, des émotions normales, quantifiées modérément si j’ose dire.

On essaie de parler, à son copain, sa famille, ses ami(e)s. Mais c’est dur. « Tu t’en fais trop », « Tu réfléchis trop », « arrête de penser », « je ne comprends pas, pourquoi tu fais ça ? ».

On est face à un mur d’incompréhension. Bien sur, je ne peux pas vous en vouloir.

Et évidemment, certains sont plus compréhensifs, souvent ceux qui en souffrent également.

Ce que je voudrais dire ici c’est que les attaques de panique, la dépression sont des maladies. Des maladies dures à vivre à plusieurs titres mais surtout à un titre, à leur méconnaissance sociale. A cette faculté qu’a la société à faire culpabiliser les personnes qui en souffrent, à préférer distribuer des médocs sans chercher les causes.

Cela fait bientôt 25 ans que j’en souffre, et 7 ans seulement que je me bats véritablement contre. Entre temps, j’ai passé un concours brillamment, fondé une famille, fait de la musique, voyagé.

Je ne suis pas « faible », je ne suis pas « folle », je suis « malade ». Comme quelqu’un qui aurait du diabète ou un souffle au cœur.

Comme un diabétique j’ai mon traitement.

Comme un diabétique, j’ai des rechutes.

Comme un être humain je suis inquiète. Inquiète que mon enfant me ressemble un jour, inquiète de ne jamais m’en sortir et d’avoir des crises jusqu’à la fin de ma vie.

Certes, ma dernière crise datait de deux ans, c’est déjà très bien. Mais chaque rechute est très difficile à vivre.

Le regard de ses proches, les paroles, l’inquiétude de nos parents impuissants, les salles d’urgences. Et ce sentiment de culpabilité qui ne nous quitte pas. Quel malade doit souffrir, en plus, de la honte d’être malade ?

Alors, si vous voulez me faire un cadeau de noël, changez de regard. Je pense que cet article va peut-être surprendre une partie de mon entourage, mais, soit, 2018 sera l’année de la transparence.

Chère société où rien ne doit dépasser, tu engendres des êtres imparfaits mais extraordinaires.

Je suis hypersensible, je souffre d’un trouble panique mais je suis extra – ordinaire.

De belles fêtes à tous et à tous les concernés par cet article.

A.M.